Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la Culture

Le label de Capitale européenne de la culture accompagne depuis plus d’une vingtaine d’années (Glasgow 1990 en étant le modèle) des territoires en mutation : vastes programmes de « régénération urbaine » pour reprendre la terminologie anglo-saxonne, changement d’image via une active politique de marketing, le développement culturel accompagnant le développement urbain et économique des villes en les rendant « attractives » ... Les années 2000 marquent une légère inflexion dans ces politiques puisqu’il ne s’agit plus seulement de promouvoir la ville mais bien de la transformer.

Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la Culture n’échappe pas à la règle puisque le territoire concerné est au cœur d’un vaste programme de transformations urbaines qui vise à repenser son développement économique, social et culturel. Avec une donne singulière puisqu’il ne s’agit pas seulement de concentrer les regards et les moyens sur la ville-centre mais bien de penser un projet articulé aux autres villes du territoire.

En effet, près de 30% du territoire est repéré dans les dispositifs prioritaires relatifs aux situations d’exclusion sociale et urbaine qu’ils présentent. Il y a donc une nécessité d’impliquer et de connecter les projets de la Capitale européenne de la culture à l’ensemble des territoires, y compris ceux qui cumulent ces indicateurs négatifs, afin d’éviter le risque de ce que l’on pourrait qualifier de « Capitale à deux vitesses ».

Marseille Provence, de part les différents programmes de rénovation urbaine que cette région concentre à l’horizon 2013 et au-delà, devient un véritable laboratoire à ciel ouvert d’expérimentations qui vise à repenser d’autres modes de relation entre des habitants, des artistes et un territoire. Et ce d’autant plus qu’aujourd’hui la manière de penser la ville évolue : elle devient moins une chose abstraite qui serait affaire d’experts mais bien la résultante d’un processus de construction collective où doivent être associés habitants et usagers du territoire. Pour fabriquer la ville, il faut savoir partir de l’existant comme d’une matière première plutôt que de faire le choix de la table rase.

Le programme Quartiers Créatifs propose d’implanter, sur un certain nombre de territoires identifiés en rénovation urbaine, des équipes artistiques qui mettent au cœur de leur démarche artistique la participation des habitants et qui proposent de travailler à partir d’un contexte donné. Certains artistes, plus particulièrement ceux qui investissent l’espace public, qu’elle que soit la discipline artistique ou le médium choisi, savent intégrer ce type de démarche depuis de nombreuses années. Regroupés sous des terminologies diverses comme celles d’Art contextuel, création In situ ou encore d’art situationniste, de nombreux plasticiens comme Daniel Buren ou Thomas Hirshhorn, pour ne citer que les plus emblématiques, s’y sont frottés.

Parallèlement, il existe un certain nombre d’équipes composées d’architectes / d’urbanistes / de paysagistes et d’artistes qui construisent des projets en résonance forte avec leur contexte d’implantation et, activant des usages sous des formes temporaires, pensent les espaces communs dans une autre économie de moyens. Constitués sous la forme de collectifs, ces équipes se définissent bien souvent comme des hybrides entre bureau d’étude urbain, collectif de création et structure d’éducation populaire, se consacrant à travers des démarches contextuelles, participatives et artistiques à l’étude et l’action sur la ville et le territoire habité.

Démarré dès 2011, le programme Quartiers Créatifs se décline selon trois axes :

- Inclure des artistes dans les processus de la rénovation urbaine sur des projets à forte dimension participative et avec des collaborations artistiques de niveau national et européen.
- Présenter les propositions artistiques issues de ces quartiers dans la programmation générale durant l’année Capitale, selon leurs thématiques et/ou leurs champs artistiques.
- Valoriser l’ensemble de ces propositions en 2013 lors d’une Rencontre européenne Art et transformation urbaine en les confrontant à des processus similaires menés en Europe et dans le monde ainsi qu’aux analyses les plus actuelles sur ces questions.

Ce programme de recherche et de création artistique, lancé au cœur du mouvement de la rénovation urbaine, doit parallèlement pouvoir questionner, infléchir ou compléter le processus d’aménagement tout en invitant les habitants à s’approprier pleinement leur espace public en contribuant à sa transformation.

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