La ville de Marseille Réinventée : Une Vision Urbaine en Mouvement

Bien sûr, il y a les règlements de compte, les incivilités, la montée des trafics… D’abord, tout cela n’est pas bien nouveau à Marseille. Un film, tourné cet été dans la cité phocéenne, avec Jean Dujardin, bientôt sur les écrans, retrace les rivalités des gangs de la French Connection dans les années 80, quand les comptes se réglaient alors au pistolet automatique et en direct sur le Vieux-Port, et l’assassinat du juge d’instruction Pierre Michel. Que dirait-on aujourd’hui si un juge se faisait descendre sur le boulevard du Prado ? Ensuite, tout cela n’est pas bien nouveau non plus ailleurs qu’à Marseille. Règlements de comptes, émeutes dans les cités, trafics de drogue sont autant monnaie courante à Lyon, Lille ou Strasbourg sans parler de Paris. Quant à Chicago, si on faisait vraiment la comparaison, Marseille passerait plutôt pour un club de vacances…

Une ville qui prend plaisir à se regarder
A côté de ça, Marseille réinvente sa ville. Marseille se retrouve, retrouve sa joie de vivre, retrouve ses habitants, par centaines de milliers sur le Vieux-Port, sans aucun incident majeur, lors des deux fêtes monumentales organisées par Marseille-Provence 2013L’esplanade du Vieux-Port, tout comme celle du J4 derrière le Fort Saint Jean, avec le Mucem et la Villa Méditerranée, sont devenues des lieux emblématiques de la nouvelle Marseille, une ville réinventée qui prend plaisir à se regarder, plaisir à déambuler, plaisir à accueillir des «estrangers» des quatre coins du monde et à les faire rêver. Marseille réinvente la ville lorsque pour MP 2013 elle se regarde différemment, lorsqu’elle projette en vidéo sur les murs du 3ème arrondissement, avec la compagnie KompleXKapharnaüM, les rires des habitants du quartier, les glapissements de ses enfants et les pas de danse de ses vieux marseillais, sous l’œil de tous les nouveaux qui se sentent bien là, chez eux. Elle se réinvente lorsqu’elle dresse sur le haut de la Canebière une immense table d’hôtes de plus de 300 m de long et 10 m de large sur laquelle tout le monde peut venir s’attabler pour manger pendant que, sur cette estrade improvisée, les compagnies de théâtre marseillaises leur racontent des histoires.

Une ville qui réinvente sa mythologie
Marseille réinvente sa ville quand Lieux Publics (centre national de création des Arts de la Rue, installé à Marseille) construit sur la place Bargemon, avec l’aide des écoles de la ville, des buildings de carton, des gratte-ciels éphémères, des arc-de-triomphe pour de rire. Elle réinvente sa mythologie quand elle fait descendre, encore mieux qu’on les monte à Cannes, les escaliers monumentaux de la gare Saint-Charles par vous et moi, marseillais de souche ou d’un jour, néophytes ou danseurs confirmés, pour un ballet endiablé de descentes loufoques et excentriques. 

Marseille invente la ville de demain, celle qui sera le théâtre de l’échange, de la représentation, celle de l’espace public festif, ludique, partagé et joyeux. Marseille ouvre la voie à une ville nouvelle, qu’on découvrira petit à petit partout, une ville qui met en scène ses habitants, une ville qui accompagne la création de ses citoyens, qui les accueille, qui les surprend, qui les singularisent dans son espace urbain. 

En cela, Marseille est visionnaire.


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